Nos écrivains ont successivement célébré les héros, les hommes illustres et les grands hommes français construisant un panthéon de mots que ce numéro des Travaux de Littérature nous invite à revisiter. Les gloires consacrées y côtoient des figures parfois un peu oubliées ; l’on y retrouve tout naturellement Charlemagne, Jeanne d’Arc, Henri IV, Louis XIV, Napoléon, De Gaulle, ou encore Voltaire et Hugo, mais aussi Michel de l’Hospital et le cardinal de Lorraine. Le grand homme apparaît tantôt comme le moteur et le principe de l’histoire, tantôt comme un modèle, un exemple pour le commun des mortels, tantôt comme un serviteur de l’ordre ou de la Révolution. Pas de héros sans héraut. Pas de grand homme sans son chantre. Le grand homme ne saurait se passer de l’écrivain. Tous deux entretiennent des liens complexes de dépendance, de séduction, de fascination ou de rejet. L’écrivain exprime ses rêves et ses aspirations quand il peint ces héros. C’est ce qui explique que, dans la littérature, le grand homme revête les habits du clerc, très tôt, bien avant le dix-huitième siècle, qui allait véritablement institutionnaliser avec le culte du grand homme le culte de l’écrivain |